Still Doing Life (FR)
Pays: États-Unis
Participants: Hommes et femmes condamnés à perpétuité
Cyd Berger
‘Il n’existe pas de description unique d’un détenu parce que nous sommes des personnes… “Détenu” est un mot que nous donne le système carcéral, mais ce n’est pas ce que nous sommes.’
Photographies prises avec 25 ans d’intervalle © Howard Zehr
Howard Zehr, professeur de justice restaurative au Centre pour la justice et la construction de la paix de l’université ménonite de l’Est aux États-Unis, a consacré sa carrière au concept et à la pratique de la justice restaurative, tout en travaillant comme photographe. Il est un défenseur convaincu de l’importance des arts dans le travail de justice restaurative.
La justice restaurative repose sur l’idée que, puisqu’un délit cause des blessures, la justice doit guérir les personnes touchées par ce délit, ceux qui l’ont commis, ainsi que les communautés dans leur ensemble. Ce concept est une approche relationnelle et holistique de la justice qui met l’accent sur les relations, la responsabilité et la reddition de comptes, souvent négligées dans les systèmes juridiques centrés sur les droits. Elle priorise le dialogue et les interactions entre les parties touchées par une injustice pour décider des mesures à prendre pour réparer le crime. Comme la justice est au cœur des formes positives de paix, le travail de Zehr vise à développer une compréhension plus nuancée de la justice dans le domaine de la consolidation de la paix.
‘Ne laisse pas ce que tu as fait, ton crime, définir qui tu es. Si tu laisses cela te définir, c’est fini. Tu ne verras jamais le potentiel que tu as pour devenir quelqu’un d’autre qu’un détenu’.
Dans plusieurs de ses projets photographiques, Zehr adopte une approche visuelle qu’il appelle le portrait respectueux. Avec cet angle, il cherche à subvertir volontairement les stéréotypes concernant les victimes comme les auteurs de crimes. Il s’efforce de créer des portraits non stéréotypés, évitant les signaux visuels qui pourraient provoquer des préjugés. Les sujets sont photographiés sur un fond neutre, avec un cadrage serré, comme il aimerait lui-même être photographié. Son dernier livre, Still Doing Life (coécrit avec Barb Toews), rassemble des portraits et des interviews de 22 femmes et hommes condamnés à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle en Pennsylvanie, pris à deux moments différents de leur incarcération, à 25 ans d’intervalle, au début des années 1990 et en 2017. Dans ces portraits longitudinaux, les sujets racontent comment ils ont survécu en prison, comment ils ont donné un sens à leur vie, ce qui est resté identique et ce qui a changé au cours de leurs années d’incarcération.
Zehr rencontre les personnes pour des interviews approfondies avant de leur tirer le portrait à la fin de la séance, une fois qu’une relation de confiance est établie. Avec ce livre, il vise à encourager le dialogue et à réhumaniser ceux qui ont commis des crimes et purgent une peine à perpétuité. Zehr a également travaillé sur d’autres projets de livres comme Transcending et What Will Happen to Me?, en utilisant la même approche de portrait respectueux avec des victimes de crimes et des enfants ayant un parent en prison. Ses portraits de victimes de crimes et de personnes condamnées à perpétuité sont utilisés dans des ateliers pour inciter à réfléchir sur nos présupposés et préjugés et pour initier un dialogue sur nos idées préconçues concernant les victimes et les auteurs de crimes.