Exchanging Perceptions (FR)
© Stuart Lavery
Stephen Wilson est un photographe d’Irlande du Nord qui anime depuis plus de 20 ans des ateliers de photographie dans les communautés de Belfast. En 2014, il a dirigé Exchanging Perceptions (Échanger des perceptions) avec le projet Inner East Outer West, une organisation locale de consolidation de la paix gérée par le Belfast Interface Project. Ce dernier travaille avec des communautés vivant près des lignes de paix qui marquent les limites entre les quartiers majoritairement catholiques et protestants.
La première ligne ou mur de paix d’Irlande du Nord a été construite en 1969 pour séparer les communautés à mesure que la violence augmentait pendant le conflit nord-irlandais, The Troubles. Un rapport de 2017 dénombre 116 barrières, soit plus qu’avant la signature de l’Accord du Vendredi Saint en 1998. Ces murs, anciens foyers de violence, sont des symboles puissants des divisions profondes en Irlande du Nord. Les communautés vivant dans ces zones d’interface, qui ont été touchées de manière disproportionnée par la violence et les troubles, continuent de subir de fortes privations. Bien que le gouvernement d’Irlande du Nord se soit engagé à supprimer tous les murs de paix, les communautés restent sceptiques. Beaucoup d’entre elles, tout en souhaitant un avenir meilleur pour les générations futures, se sentent plus en sécurité avec ces murs en place.




© Louis Milton
Le projet Inner East Outer West travaille avec des groupes de résidents, jeunes et adultes, souvent difficiles à atteindre, pour réduire les tensions et développer des relations positives. Dans Exchanging Perceptions, 23 participants divisés en deux groupes ont travaillé séparément dans leurs propres communautés pendant six ateliers, culminant dans une exposition commune.
Les participants ont réalisé trois projets photographiques. Les participants ont réalisé trois projets photographiques. Le premier se centré sur les formes et les textures. Des photos ont été prises lors d’une promenade de groupe dans les rues locales des deux communautés, permettant à chaque communauté de visiter l’autre. Le deuxième projet s’est concentré sur les ombres et les reflets, et des photos ont été prises lors d’une sortie de groupe dans un lieu neutre de la ville. Pour le projet final, les participants ont emporté leurs appareils photo chez eux et ont choisi leur propre lieu et thème. L’exposition, qui a eu lieu dans un lieu neutre, était une occasion festive et sociale avec la famille et les amis qui ont rendu hommage à leurs efforts et à leur photographie.




© Sarah Louise Robertson
Wilson note que les projets travaillant dans les zones d’interface doivent être personnalisés. Différents groupes identitaires peuvent se réunir dans le cadre d’ateliers continus, ou des groupes identitaires uniques peuvent travailler séparément mais parallèlement les uns aux autres, en progressant vers un projet collaboratif au fil du temps ou en attendant l’exposition finale pour partager leurs images ensemble, comme ce fut le cas dans Exchanging Perceptions. Wilson croit que la photographie valorise les gens. Son accessibilité permet aux gens de prendre rapidement des photos dont ils peuvent être fiers, et il considère que son rôle est de renforcer la confiance et le respect. Les promenades photographiques donnent aux gens la permission d’entrer dans les quartiers des autres et d’apprendre à les connaître. La photographie s’appuie sur les bases solides du travail d’interface et de dialogue continu mené par les partenaires locaux, et l’amplifie en permettant aux gens de voir leur propre monde et celui des autres de manière différente.
‘Je pensais que ce projet serait intéressant car il allait au-delà de simplement discuter de nos similitudes et de nos différences. La photographie nous donnerait tout de suite un terrain commun et ce serait amusant… Voir ma communauté à travers l’objectif d’un appareil photo m’a aidé à voir les choses d’une manière différente’.
Participante d'Exchanging Perceptions