The Home Stay Exhibitions (FR)
Une exposition de Home Stay Exhibition, Nyabihu, 2018. © Kigali Centre for Photography
Dirigé par Jacques Nkinzingabo, photographe rwandais, producteur musical et directeur du Kigali Centre for Photography (KCP), le projet The Home Stay Exhibitions est né du travail de sensibilisation communautaire et de mentorat photographique du KCP auprès des jeunes rwandais. En 2018, Nkinzingabo et ses collègues du KCP ont animé des ateliers de photographie et de narration visuelle pour 35 jeunes du district de Nyabihu. Les participants ont créé des histoires photographiques sur des sujets de leur choix ; des histoires qu’ils jugeaient importantes pour leur pays et leur communauté. Ils ont organisé une exposition dans le centre communautaire local, mais ont décidé d’aller plus loin en installant également des expositions dans leurs maisons. Ainsi est née l’idée de The Home Stay Exhibitions.
Depuis le génocide de 1994, le Rwanda a accompli d’importants progrès pour reconstruire et promouvoir la paix, la réconciliation et la stabilité durable. Cependant, les effets du génocide se font encore sentir dans les communautés, car les victimes, les survivants, les rapatriés et les auteurs du génocide ont dû apprendre à vivre à nouveau ensemble. Un changement depuis le génocide est que de nombreuses familles ont fermé les portes de leurs maisons aux voisins et amis. The Home Stay Exhibitions cherche à rouvrir les portes et à reconstruire la confiance et le dialogue en utilisant la photographie pour initier des conversations sur les préoccupations de la communauté. Au Rwanda, on considère que la guérison se produit à travers la reconnexion sociale dans la vie quotidienne. The Home Stay Exhibitions cherche à abattre les murs qui se sont formés autour du foyer et à rendre possibles de nouveaux types de conversations communautaires.

Jaxia Abizerimana.
“Lorsque tu accouches sans être mariée, notre société pense que tu es une prostituée, tu perds beaucoup d’amis… Il y a beaucoup de perceptions à ton sujet. La plupart te perçoivent comme une personne inutile, mais, à travers mon récit, les gens connaîtront les véritables circonstances. Peut-être que l’histoire donnera de l’espoir, conseillera, motivera ou laissera une leçon à quelqu’un.”.
© Richard Ingabire de ‘La grossesse n’est pas un choix’

Lors des dernières expositions, quatre jeunes photographes, encadrés par des photographes du KCP, ont exposé leurs reportages photographiques sur des sujets tels que les mères adolescentes, la culture de la pomme de terre, la pêche et ce que signifie être un homme rwandais. Des voisins, des amis et des leaders communautaires ont été invités dans les maisons des hôtes et les photographies ont été utilisées pour créer des conversations sur les sujets représentés. Le public de l’exposition a été invité à poser des questions, les photographes ainsi que les personnes sur leurs photos ont présenté les images et les histoires qui les accompagnaient avant qu’un dialogue ouvert ne commence sur les questions soulevées.
L’étude d’évaluation a révélé que les images ont favorisé des conversations sur des sujets délicats et difficiles qui allaient au-delà du contenu de la photographie elle-même. The Home Stay Exhibitions a créé un espace pour différents types de conversations horizontales et inclusives. Les réunions communautaires sont généralement structurées selon des protocoles établis et seuls les leaders communautaires ou les personnes désignées prennent la parole. The Home Stay Exhibitions a créé une alternative à la façon habituelle de faire les choses. Cela a servi à ouvrir de nouvelles perspectives et à encourager la guérison sociale.
Julienne Dushimimana
‘Je n’ai pas eu honte de partager mes histoires avec lui (Richard) comme mon voisin, et j’ai senti qu’il était nécessaire de lui parler, car personne d’autre ne me parlait. Il m’a donné l’espoir de me sentir humaine et m’a inspirée en me montrant que je peux encore y arriver et réaliser mes visions… Les images ont contribué à ce que nous nous réunissions pour débattre des choses, au lieu de ce qui se fait habituellement ici, où les gens s’assoient avec leurs propres perceptions sans les débattre’.
© Richard Ingabire de ‘’La grossesse n’est pas un choix’
‘En raison de notre histoire complexe, ce n’est plus dans notre culture d’amener les gens chez soi… La photographie est la première clé pour amener les gens dans les foyers des autres… Elle attire des personnes qui étaient très séparées dans un même espace’.
Directeur, Kigali Centre for Photography
