Picturing Reparation (FR)

Pays: République centrafricaine

Participantes: Femmes survivantes de violences sexuelles

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‘Espoir’
J’ai eu de nombreux problèmes médicaux après avoir été violée de la manière la plus brutale et cruelle. Le travail agricole est difficile pour moi. C’est pourquoi j’ai aussi commencé une petite entreprise. J’ai commencé à me relever. Avec le soutien médical et la thérapie que j’ai reçus, j’ai commencé à me sentir mieux, et les gens ont recommencé à s’approcher de moi. J’habite un peu loin du centre-ville. Ma petite boutique aide aussi d’autres personnes de mon quartier.
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© Colette / Picturing Reparation

En 2002/2003, un conflit a éclaté en République centrafricaine (RCA), et la population civile a subi des attaques brutales qui ont engendré un grand nombre de victimes de violences sexuelles et sexistes, y compris le viol en tant que crime contre l’humanité et crime de guerre. Le gouvernement de la RCA a transmis la situation à la Cour Pénale Internationale (CPI), et en 2007, des enquêtes ont été ouvertes sur les crimes établis dans le Statut de Rome de la CPI.

Le Trust Victims Fund (TFV), établi conformément au Statut de Rome pour répondre aux préjudices résultant des crimes relevant de la juridiction de la CPI, aide les survivants des violations les plus graves des droits humains à travers des réparations et une assistance. Le TFV a commencé à travailler en RCA en 2020, apportant son soutien à toutes les femmes victimes de violences sexuelles ainsi qu’à leurs familles vivant dans des conditions précaires et souffrant de préjudices à long terme en raison de leurs expériences. Cela inclut des problèmes de santé, psychologiques et d’intégration sociale.

 

‘Je suis belle’
Après les événements, je n’avais plus de fierté. J’avais perdu du poids ; je pensais trop à tout. Les gens ne s’approchaient plus de moi. Depuis que j’ai reçu une aide psychologique, je me relève. J’ai commencé ma petite entreprise avec le kit que j’ai reçu et j’ai pu avancer. Je m’habille bien, et maintenant je me sens belle à nouveau.
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© Cécile / Picturing Reparation

En 2023, un groupe de 15 femmes soutenues par le TFV s’est réuni pour cinq jours d’ateliers de photovoix afin de capturer et de documenter les changements dans leurs vies. Chacune de ces femmes avait enduré les attaques brutales de groupes armés 20 ans auparavant. Les ateliers de photographie participative et de narration ont été organisés par le Fonds fiduciaire à travers Voices That Count, un réseau d’experts spécialisés dans les méthodes narratives et participatives, avec le soutien du partenaire local du Trust Fund et de DanChurchAid.

Ces femmes, qui se connaissaient grâce à des groupes de thérapie communautaire et connaissaient les expériences les unes des autres, ont pu parler ouvertement de leurs histoires poignantes et de leur parcours pour reconstruire leurs vies. Lors des premiers jours des ateliers, elles ont exploré comment utiliser la photographie pour raconter des histoires (en utilisant la réalité, le symbolisme et des scènes mises en scène), comment photographier des personnes, et comment communiquer des thèmes abstraits à travers des images avant de photographier les changements qu’elles avaient observés dans leurs vies depuis les incidents de 2003.

Le nouveau et le passé
Pour moi, cette photo montre la continuité de la vie. J’ai pu investir dans mes activités agricoles, comme la culture du manioc. Les arachides que j’ai plantées reflètent le changement. Le cycle de la vie continue. Le nouveau commence à pousser.
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© Céline / Picturing Reparation
‘Développement personnel ’
Ces simples briques me procurent une grande émotion. La maison au toit de chaume en arrière-plan me rappelle la période de pauvreté pendant les événements : je devais nous couvrir, mes enfants et moi, pour nous protéger de la pluie. Maintenant, j’ai une maison solide. Et je suis en train de construire une deuxième maison à louer. Vous pouvez voir comment les travaux ont commencé.
© Pulchérie / Picturing Reparation

Les participantes ont travaillé individuellement avec les facilitateurs pour effectuer une sélection initiale de leurs photographies, choisissant celles qui étaient les plus significatives et qu’elles étaient prêtes à partager. Ensuite, ensemble, elles ont procédé à une édition collective, analysant leurs images pour en découvrir le sens et l’importance, identifiant des thèmes communs et définissant des catégories pour structurer leur histoire partagée de changement. Elles ont identifié 7 thèmes communs, notamment des changements résultant du soutien psychologique, la récupération de la santé grâce à des interventions médicales, la possibilité de progresser dans la vie par le commerce, l’agriculture et l’élevage, ainsi que les cicatrices persistantes. Les discussions ont eu lieu en sangho, la langue des femmes, avec l’aide de traducteurs. Lors de la phase finale des ateliers, les femmes ont discuté de la diffusion de leurs photographies et ont convenu qu’elles souhaitaient particulièrement que leurs histoires soient partagées au-delà des frontières de la RCA. Leurs images seront utilisées pour informer la programmation du Fonds fiduciaire et sensibiliser le public international aux expériences des survivantes de violences sexuelles et sexistes en RCA.

‘Les cicatrices irréparables’ 
Ce jour-là, le 14 février 2003, il m’a frappée à la bouche avec son arme. Ils m’ont violée et m’ont laissée dans un état grave. Mon mari a découvert mon état. Il aurait pu me quitter, mais il ne l’a pas fait. Grâce à Dieu, mon mari est chrétien. Il a été le premier à me conseiller et à me réconforter. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter parce que ce n’était pas la fin du monde. Je suis toujours vivante, et c’est ce qui compte le plus. Je montre mes dents parce qu’elles font partie de moi et montrent ce que j’ai perdu durant cette période difficile. J’ai perdu ma beauté de femme. Je vis avec cette honte tous les jours. Chaque fois que je dois sourire, tout le monde remarque qu’il me manque des dents. Ces cicatrices resteront toujours. Mais j’ai le courage de montrer mes dents.
© Paulette /Picturing Reparation

‘J’ai apprécié cette approche individuelle, la conversation en face à face entre une participante et le facilitateur. Cela a permis à chaque femme de raconter l’histoire derrière son image avec confiance et a donné au facilitateur l’opportunité de poser des questions spécifiques. Toutes les voix ont été entendues dans la salle, y compris celles des femmes qui ne participaient pas pleinement aux discussions de groupe.

Sylvère, DanChurchAid